__Parce qu'il est moi. [ Constanceuh ]

Les étoiles étaient visibles ce soir-là. Elles étaient belles, étincelantes. Dommage que la lumière artificielle les fasse fuire.
Yamiyo devait être là depuis un bon bout de temps. Une heure ? Deux heures ? Il ne savait pas lui-même. Il n'y faisait même pas attention. Allongé sur un banc, il ne pouvait détacher ses yeux noirs du ciel. On ne pouvait dire s'il rêvait, ou s'il dormait les paupières ouvertes. Le clapotis de la fontaine le berçait doucement.

Pourtant, le jeune nippon finit par cligner les yeux, les ouvrir aussi ronds que des balles de tennis, se rendant compte qu'il venait de redescendre sur la terre ferme, et plongea sa main dans la poche avant de son jeans après avoir repris ses esprits. " Quelle heure est-il ? ". Il en sortit son portable, qui s'illumina de vert afin de laisser s'afficher l'heure, 23:41.

Yamiyo laissa retomber son bras mollement le long de son corps, plaquant une main sur son visage. Il décida enfin à se redresser, tendre ses jambes engourdies pour ensuite étirer ses bras vers le haut, soupirant d'aise. Il aimait se prélasser ainsi, sans rien faire. En général, lorsqu'il était à l'intérieur, il préférait la défenestration imaginaire en collant son nez à une vitre. Se prendre pour Peter Pan, c'était son truc.

Le jeune homme se leva et s'avança vers la fontaine aux eaux cristallines. Il savait ce qu'il y retrouverait. Et en effet, lorsqu'il s'y pencha, il fit face à son propre reflet. Woouah ... Magique ... Et pourtant ...
Cette fontaine avait pour " bizarrerie " de montrer non pas l'image des gens qui s'y regarderaient mais bien celle de la personne qui leur était la plus chère. Alors pourquoi Yamiyo était-il une exception ?
Ce dernier sourit bêtement, observant ce visage si familier se refléter face à lui. Lui seul pouvait se distinguer de cet homme. Même si les yeux étaient identiques, même si la bouche possédait le même dessin, même si le nez était pareil au sien, il ne s'agissait pas de son reflet.

- Bonsoir, aniki.

Aucune réponse. Naruse plongea sa main dans l'eau glaçée et ferma les paupières, afin d'oublier le souvenir que faisait apparaître la fontaine. Mais même si ses yeux étaient clos, ce garçon lui restait en mémoire, tout le temps. Il ne voyait que lui. Il ne pensait qu'à lui. Il ne pouvait le faire disparaître aussi facilement.
Il ne pouvait dire qu'il appréciait ces moments de face à face. Et il ne pouvait pas dire non plus qu'il les détestait. Tout cela était d'un compliquer.

La solitude... Une chose a laquelle personne ne peut échappée, même pas moi, même si au fond, ça ne me gênait pas du tout d'être seule, quelques fois, j'en avait marre de ne parlé qu'a moi. C'était la tombé de la nuit, les vampires sortaient histoire de trouvé un humain qui serait assez faible pour leurs servir de repas.. Comme si ils avaient que ça a faire.. Ces créatures sanguinaires.. Pas besoin de parler, juste en me regardant on pouvait connaître ce que je pensais d'eux.. Du mal, mais peut être une pointe de compassion et d'admiration.. Il fallait être un putain de courageux pour oser se regarder dans un miroir en savant tout le mal que l'on a fait..

C'est cette nuit là que je sortit donc, pour rejoindre mon endroit préféré; La fontaine.. Je m'y posait souvent, je pouvais resté assise au bord de cette fontaine des heures et des heures sans me soucier de ce qu'il se passait autour de moi.. Habillée d'une longue robe noire au décolleté plongeant, il était facile de remarquer le fait que j'étais une esclave de la famille royale.. Moi et les autres humains de cette famille étions sans doute les mieux habillés on va dire ça comme ça.. Mes longs cheveux noirs tombaient en cascades sur mes épaules. J'apperçut de loin une personne a la fontaine..

« Bonsoir... »

Dis je poliment, je m'assis donc au bord de cette fontaine, plongeant moi aussi ma main dans cette eau pure, a la surface douce et lisse. Je baissa mon regard azur vers mon reflet, toujours cette même personne qui m'apparaissais chaque nuit que je venais a cette fontaine.. Cette personne que je ne détestais pas tant que ça étant donné qu'elle se trouvait là, derrière mon reflet.. September.. Toujours lui.. Je releva le regard vers le jeune homme puis détailla son visage du regard.

Yamiyo ne remarqua la présence de la jeune femme que lorsque celle-ci éleva la voix. Son regard croisa le sien. Elle ne lui était pas inconnue. Il ne connaissait pas son nom. Il ne lui avait jamais adressé la parole auparavant. Mais il la connaissait comme étant une esclave. Et pas n'importe laquelle, puisqu'elle était celle d'un des deux frères Everson. Pouvait-on considérer ça comme étant un privilège ?
Le jeune nippon lui adressa un petit signe de tête en réponse à son bonsoir, et se retourna, afin d'être dos à la fontaine et de pouvoir admirer le ciel. Ses derniers jours avaient été pour le moins fatigants, et trop longs. C'était d'ailleurs pour cela qu'il s'était réfugié là, pour faire le vide et respirer un peu. Pourquoi avait-il fallu que Madysson entre dans sa vie ? Pourquoi s'était-elle trouvé au mauvais endroit au mauvais moment en même temps que lui ? Lui qui avait toujours affirmé que cette relation Maître/Esclave était détestable, se regarder dans un miroir était difficile à présent. Il avait réussi à oublier l'incident le temps d'une ou deux heures de rêverie et voilà que ce souvenir revenait au galop. Pourquoi s'était-il rendu dépendant ?

- Qu'est-ce qu'une jeune femme comme toi vient s'aventurer jusqu'ici sans son .. maître ?

Le dernier mot lui sembla sonné si faux qu'il en fut dégoûté et soupira discrètement, avant de porter à nouveau son attention sur Constance. C'était peut-être une question déplacée, indiscrète. Mais cela importait peu. Si elle ne voulait pas répondre, il ne l'obligerait à rien. Yamiyo était seulement un peu trop curieux. Une pensée lui vint alors à l'esprit : où était donc la sienne ? Il ne devait pas penser de telles choses. Elle pouvait aller où bon lui semblait, il ne lui disait rien et ne lui dirait jamais rien. Elle était un être humain, pas un chien. Naruse sourit à la jeune femme près de lui, et finit par replonger son regard dans le sombre océan du ciel, au-dessus de leur tête.