_Darkness&Moonlight - Première Rencontre - [ Mady' ]

Cette pièce n'était pas des plus chaleureuses. Petite, froide, obscure. Les vampires y punissaient leur esclave. Ils les abandonnaient là, seuls, dans le noir. Cet endroit était une vision effrayante pour ceux-ci. Mais elle ne l'était pas pour Yamiyo.
Ce dernier était là, assis contre un mur qui lui glaçait le dos, visage dans les mains, tremblant. Il devait se l'avouer. Il ne tiendrait plus longtemps. Il était vampire. Et même s'il ne le voulait pas, il en avait besoin. De quoi ? De sang. Il avait besoin de sang. Il supportait de moins en moins l'odeur charnelle des êtres humains présents dans le château. Il les voulait, comme tous les autres de sa race. Mais il se refusait le loisir de s'en nourrir. Il ne voulait pas. Comment faire ?

Le jeune nippon s'était donc réfugié dans cette pièce étroite. Il devait être aux alentours d'une heure du matin. Même s'il se tenait loin des autres buveurs de sang, l'odeur de celui-ci qui emmanait de leurs victimes de la nuit l'étouffait, l'envoûtait. C'était un supplice. Il ne devait pas devenir fou, comme LUI.
Tsukiyo ... S'il se faisait souffrir en se contenant ainsi, c'était pour lui. Il l'avait mordu. Il l'avait transformé quelques années plus tôt. Et à présent, il était son but ultime. Il ne voulait pas devenir semblable à lui. Un être sanguinaire et sans pitié. Du moins, c'est ce qu'il avait été la dernière fois qu'il l'avait vu.

Yamiyo poussa un cri en se tapant l'arrière du crâne contre les briques sombres derrière lui. Qu'ils se taisent. Qu'ils arrêtent ça. Qu'ils cessent de le narguer ainsi. Tous, qu'ils le laissent en paix. Tous les bruits, toutes les voix qu'il entendait ne se trouvaient que dans sa tête, il le savait. Il était seul ici. Du moins c'est ce qu'il pensait, et ce fut pour cela qu'il s'était réfugié dans ce local.
Le jeune homme se mit à sangloter doucement, replongeant son visage entre ses bras croisés, tentant de se calmer à nouveau. Pourquoi Tsuki ne l'avait-il pas tué lorsqu'il en avait eu l'occasion ? Cet enfoiré ...

De longues minutes s'écoulèrent. Les sanglots de Miyo ne devinrent que murmures, pour ensuite s'évanouir, et laisser place au silence. Il avait eu de la chance qu'aucun esclave ne se trouve là. Il n'aurait probablement pas trouvé un autre endroit où se cacher, se cacher de lui-même, de ce qu'il était.
Il soupira et redressa la tête, les joues humides et les yeux rouges. Il n'avait plus pleuré depuis longtemps. Il porta son attention à la porte entrouverte, qui laissait entrer un faible rayon lumineux, insuffisant pour voir ce qu'il y avait autour de lui, même si la réponse serait probablement rien.
Cette solitude. Au fond de lui, il ne l'aimait pas. Ils avaient toujours été deux. Pas un, deux. Jusqu'à ce " dernier " soir, il n'avait jamais goûté à ce sentiment. Il avait fini par s'y habituer, même s'il lui faisait encore mal, parfois.

Des bruits de pas retentirent dans le couloir derrière la porte. Yamiyo se redressa un peu, braquant son regard sur le léger rayon de lumière, attendant de voir quelqu'un passé en coup de vent. A moins que ce ne soit un vampire qui allait y envoyer son esclave ? Un humain perdu dans le château ? Un petit fouineur qui allait venir l'embêter dans son refuge ? Il avait mal à la tête. Il était épuisé. Son corps ne désirait qu'une seule chose que lui ne désirait pas. Il n'était pas d'humeur à réfléchir. D'un côté, il espérait que cette personne passe son chemin, ou tourne au coin du couloir. D'un autre, il voulait qu'elle rentre, qu'elle se perde dans le noir de ces quatre mètres sur quatre. Obéissant à ses pulsions, Yamiyo se traîna jusqu'au mur du fond, là où la simple ombre laissait sa place à l'obscurité la plus totale. Qu'était-il en train de faire ? Il allait peut-être jouer au chat et à la souris. Il était un monstre, mais n'y pouvait plus rien.

Qui n’a jamais entendu parler de Chup’S ?! Un adorable ours en peluche blanc qui suit Madysson comme son ombre. Un ours qui est là quand elle a besoin, c’est un peu comme son meilleur ami et son confident. Je sais ce que vous vous dites, une fille de 16 ans avec un ours en peluche, c’est totalement gamin ! Mais c’est Madysson et son nounours. C’est un peu comme « Pikachu et Sacha », comme le « Ying et le Yang », « l’alpha et l’oméga » ! Bref, ils sont inséparable… Et tout en se réveillant par terre dans une chambre très froide où il n’y avait que des couvertures et des têtes d’oreillers, la jeune fille serra fort son ours contre elle et lui parla :

« Chup’S ?! Comment on est arrivé ici ?! »

Les yeux de l’ours étaient fixés sur le visage de la jeune fille qui commençait vouloir jouer les exploratrices des lieux. Tout en sortant se la malheureuse couverture qui ne la réchauffée guerre, Madysson se leva, le nounours dans les bras et avec chance elle portait toujours un jean taille basse, un top blanc et un gilet gris entre ouvert. Toute mignonne dans son ensemble. Madysson sortit donc de la « chambre » et se dirigea vers le couloir du premier étage. Là elle rencontra un homme qui semblait être complètement ivre et mal famé en plus. Cela était un peu normal vu qu’il faisait nuit noir. Il lui demanda en lui serrant le bras pour qu’elle ne s’échappe pas :

« T’es un vampire ou une humaine toi ?! »

Le pire dans tout cela c’est qu’il mettait son visage à deux centimètre de celui de la jeune fille qui fit une grimace à cause de l’odeur d’alcool qu’il empestait. Madysson mit sa main libre sur le museau de Chup’S pour ne pas qu’il sente l’odeur nauséabonde que renvoyait le vieux fou.

« Oh… mais vous puez l’alcool ! C’est dégelasse !
Et lâchez-moi ! »

Après que l’homme est giflé la petite fille, elle avait la marque sur la joue, et la douleur lui fit monter les larmes dans ses petits yeux. Le bonhomme la prit sur son épaule comme un sac à patates et l’emmena dans une salle noire qui était fermé grâce à une grille. Madysson, durant le trajet le tapait de toute sa maigre force et gesticulait dans tout les sens pour essayer de se libéré, mais aucun effet. A l’entrée de la porte, il la jeta d’une force incroyable contre le mur et il ferma la grille à clef en riant de sa victoire. Quand à Madysson, elle se releva après avoir crié de douleur et après avoir lâché son ours qui partit dans le noir de la pièce. En essayant de se relever, elle se mit la main sur les cotes car celles-ci lui faisait atrocement mal. Et elle hurla de méchanceté :

« JE VOUS RETROUVERAIS ESPECE D’ALCOLIQUE FOU FURIEUX !! »

Puis la jeune fille ayant trop mal pour se relever décida de rester allongé à terre, elle ferma aussi les yeux et commençait à pleurer. Bien sure, sans savoir que quelqu’un se trouvait dans la pièce.

Que venait-il de se passer ? Un homme, une jeune fille, un ... ours en peluche O___ô. Yamiyo s'était recroquevillé, observant ce qui était en train de se passer à seulement deux mètres de lui. Il n'était plus seul. Comme il l'avait pressenti. La voix de la nouvelle venue, que l'inconnu avait enfermé avec lui sans le savoir, s'éleva. Alcoolique fou furieux ? Mais ici, même sans être alcooliques, beaucoup de monde était fou furieux. En tout cas, si elle se trouvait là, c'est qu'elle devait être une esclave. Du moins, ce fut la première pensée du jeune vampire.

Le petit ours avait roulé jusqu'à lui, disparaissant dans l'ombre dans laquelle lui-même s'était réfugié. Il tendit la main, et prit la peluche, l'observant un bref instant. Quelle pauvre chose. Inerte. Même l'âme lui manquait. Yamiyo allait y remédier. Il avait envie de s'amuser. Une envie malsaine.
La main de laquelle il tenait le cou de l'ourson se teinta légèrement de noir, et la peluche sembla soudainement se redresser d'elle-même. Voilà qui était mieux. Le jeune homme la posa au sol, celle-ci tint parfaitement en équilibre, bien droite, et se tourna seule, comme par magie, vers sa propriétaire, fit un pas, deux, trois, jusqu'à sortir de l'obscurité, s'éloigner de celui qui venait de lui donner vie, et s'approcher de Madysson, levant sa petite tête en tissu vers celle-ci.
Le bras de Miyo retomba lourdement le long de son corps avachi contre le mur, sa tête se pencha dangereusement. Son regard se braqua soudainement sur la jeune femme, qu'il ne comptait plus lâcher. Elle était là, enfermée, avec lui pour compagnon. Sauf que lui savait sortir de là. Lui pouvait la faire sortir également. Et lui n'était plus vraiment le garçon qu'il était.
Lentement, il se releva, s'aidant du mur, risquant de flancher à tous moments. Sa langue caressa ses dents, ensuite ses lèvres, et, toujours dans l'ombre, il éleva la voix à son tour.

- Comment trouves-tu ton ami ? N'est-il pas mieux en vie, jolie princesse ?

Sa voix était étrangement plus rauque, plus grave qu'à l'habitude. Un sourire en coin étira ses lèvres, alors qu'il se détachait du mur qui lui permettait de tenir debout, s'apprêtant à s'approcher de Madysson.

- Tu ne sembles pas pouvoir sortir d'ici. Quel ... dommage. Puisque tu es là, avec moi ... Veux-tu jouer à un jeu amusant, petite chose ?

Que faisait-il ? Qui était-il ? La troisième fois. Troisième faute grave depuis qu'il était arrivé dans ce château. Il savait qu'il le regretterait. Il savait qu'il lui ferait mal. Qu'il allait lui faire peur. Mais il avait l'impression de ne plus avoir le contrôle de son corps. Il avait l'impression que les paroles qu'il prononçait n'étaient pas les siennes. Peu importait si elle était esclave. Peu importait qui elle était. En réalité, le jeu avait déjà commencé.

Madysson était toujours là à terre en train de manger la poussière qui était sur ses lèvres. Ses larmes de crocodiles mouillaient toute sa petite bouille et elle ne tarda pas à ne plus respirer. La douleur de ses cotes l’empêchait de prendre de l’air dans ses poumons et à chaque fois qu’elle respirait, ou du moins qu’elle essayait, sa bouche laissait sortir un son d’étouffement. Mady’ pleurait sans trop respirer et quand elle sentit une petite chose lui caresser la joue et la prendre dans ses bras, elle ouvrit ses petits yeux noirs qui s’écarquillèrent comme si elle avait vue un fantôme. Enfaite ce n’était pas vraiment en fantôme mais juste son ours en peluche qui pouvait bouger. Malgré tout l’amour qu’elle éprouve pour son meilleur ami, la jeune fille hurla de tout se quelle pouvait, manquant de souffle à cause de ses cotes et le repoussa fortement. Comment pouvait-il faire ça ?!

« Ahhhhhhhhhh !!!! Mais c’est quoi cette horreur !! Chup’S… NON !! »

Malgré les coups que la jeune fille lui donnait, l’ours en peluche revenait toujours vers elle pour la serrer fort dans ses bras. Prise de panique et ne pouvant plus bouger, Madysson resta allongé sur le ventre et mit sa tête dans ses bras tout en criant et en pleurant. Mais non Mady’ ce n’est pas un cauchemar, désolé ! Son ours en peluche la collait toujours et commençait à jouer avec ses mèches de cheveux. Madysson avait une sainte horreur de ça et Chup’S le savait ! Bref, la jeune fille, toujours prise de panique et ne pouvant plus bouger, entendit des pas et une voie rauque qui s’élançait dans la pièce noire. L’ours, à la voix de Yamiyo arrêta de lui caresser les cheveux et s’asseya à terre devant la tête de Madysson en regardant la scène de ses deux yeux sans expression. La petite tête de la fameuse princesse était toujours enfouie sous ses deux bras et on pouvait à peine entendre le son de sa voie qui disait :

« Non il était beaucoup mieux avant ! Remettait le inerte, s’il vous plait … ???!! »

Madysson n’aurait jamais imaginé qu’un jour son meilleur ami prendrait vie. C’est une peluche ne l’oublions pas, et c’est d’ailleurs pour cette qualité d’être inerte, que Chup’S pouvait être le confident et le meilleur amie de Mlle Owen. Le fait qu’il soit en vie, pourrait mettre un terme à leurs amitiés car Chup’S est en possession d’information confidentiel sur la jeune fille. A la deuxième prise de parole de l’homme se trouvant debout à coté d’elle en souriant, Madysson leva son bras droit en laissant entrevoir une petite bouille d’ange sous se bras qui repoussait un peu les cheveux qui se trouvaient dans sa figure. Elle se redressa en tournant le reste de son corps pour se mettre en position assise face à l’inconnu, mais cela était très difficile, ne pouvait pas trop bouger grâce à la douleur. Mais elle réussit et essuyant ses larmes, elle regardait l’homme dans trop l’apercevoir à cause du noir et lui répondit méchamment et agressivement :

« Je doute que tu ais un jeu de scrabble dans ta poche ! Et désoler de te décevoir mais je doute que ce soit le moment pour jouer… »

Yamiyo ne comprenait pas. Pourquoi avait-elle peur de sa peluche ? Pourquoi la préférérait-elle morte, plutôt que vivante ? Elle ne savait pas ce qu'elle voulait, tout comme une enfant. Une petite chose fragile et sans défence, innoncente et pure. Mais lui savait pertinemment ce qu'il désirait.
S'il n'aurait pas été dans ce piteux état, Yamiyo aurait probablement éclaté de rire devant la scène qui s'offrait à ses yeux. Un combat entre un petit ours en tissu et une jeune fille possédant cinq fois sa taille. Mais il y prêta à peine attention. Une seule chose l'avait fait serrer les poings. Une seule chose qu'il ne permettait pas. Une chose qui lui sembla une giffle en pleine figure, ce qui ne fit qu'accentuer son état de démence actuelle.

- Une ... horreur ? Mon oeuvre est une ... horreur ?

Son don ne lui servait peut-être pas à se battre, ni à quoi que ce soit qui puisse être utile. Mais voir des poupées s'animer, des arbres le regarder, des petits mammifères lui parler ... Tout ça étaient ses oeuvres ! Il les créait. Il leur donnait la vie pour un instant, comme il pouvait la leur reprendre. Il se sentait fort, et n'osait ressentir cela qu'avec eux. Il ne pouvait être dominants qu'avec des êtres inanimés auxquels il était le seul capable de donner une âme. Peut-être, ou même sûrement, était-ce sa nature de vampire que faisait ressortir ce pouvoir. Mais en tout cas, celui-ci l'aidait à se maîtriser. Jusque là.
Yamiyo sortit enfin de l'ombre, se redressant de toute sa taille, fixant Madysson d'un regard ampli à la fois de colère et de pitié. Cette petite créature ne pouvait rien contre lui. Il était trop tard. Jamais, étant lui-même, il n'aurait pensé cela de qui que ce soit. Il n'était plus qu'un assassin assoiffé qui perdait peu à peu la raison, comme LUI ...
A peine eut-elle demandé - supplié ? ordonné peut-être ? - de rendre son état de légume à son soi-disant ami que Yamiyo exauça son souhait, ses gémissements de mioche n'étaient encore une fois qu'un élément servant à le rendre fou. Les yeux de l'ours redevinrent mornes, se transformèrent en simples billes noires, et la peluche pencha lamentablement sur le côté. Quel gâchis.
Le jeune homme ravala tant bien que mal la rage qu'avait provoqué en lui la demoiselle, et esquissa un sourire énigmatique à sa remarque pour le moins désobligeante.

- Un scrabble ? Oh, mais j'ai beaucoup mieux. Et contrairement à ce que tu crois, le moment est des plus propices, ma chère et tendre.

Comme si toute son agilité et sa souplesse lui étaient revenues en une fraction de seconde, Yamiyo se jetta sur Madysson, assise au sol, l'obligeant à s'allonger en lui maintenant fermement les poignets, y enfonçant ses ongles, lui coinçant les jambes avec les siennes, et se retrouvant nez à nez avec elle. Son visage aux traits asiatiques, qui trahissaient son état de fatigue, ne fut plus qu'à quelques centimètres de celui de sa nouvelle proie. Quelle délicieuse enfant.
Il plongea son regard dans le sien, sans plus faire un geste, et secoua la tête comme pour reprendre ses esprits. Que faisait-il bon sang ? Et c'était le cas de le dire ... Ses paupières se rouvrirent, et lentement, Yamiyo approcha ses lèvres de l'oreille de la jeune fille, pour y murmurer.

- Je crois qu'on va s'amuser, ma princesse.

La jeune fille essayait tant bien que mal d’enlever toute cette poussière sur ses affaires toutes neuves. Bon, l’orage dans le parc et l’arbre qui l’avait écrasé avaient déjà bien amochés ses affaires, mais ce n’était pas une raison pour les salir d’avantage. Après s’être légèrement recoiffée, Madysson regarda son ours en peluche redevenir comme avant. Un soulagement de plus. Et dans un soupir, elle essaya de se lever tout en écoutant l’homme debout, devant-elle, qui s’énervait après la parole de la jeune fille sur son « œuvre ». Mais Mady’ fut vite rattrapée par sa douleur et elle ne pouvait pas du tout se relever. Alors elle resta assise et fit une grimace quand L’homme mystérieux l’appela sa « chère et tendre ». Un surnom très incompatible car en se moment même, il était entrain de la brutaliser. Les douces et petites mains de la jeune fille étaient de par et d’autre de sa tête et le sang ne passait plus dans celle-ci. Normal, vu la force avec laquelle il les serrait et en plus de ça, il planta ses griffes sur ses poignets. Cependant, il atteignit une veine qui ressortait et cette demoiselle commençait à saigner de l’intérieur du poignet. La jeune fille hurla de douleur en essayant de se débattre et lui sortit en gesticulant :

« Cher oui, mais tendre, t’as encore du boulot mon gars !! »

Madysson pouvait enfin voir le visage de « la bête » qui était avachit sur elle. Et elle fut vraiment étonnée de voir que c’était un garçon assez jeune et super craquant. Ca aurait put être l’homme qui aurait fait chavirer son cœur dans la rue mais là, avec de tel yeux rouge et une tel rage, il la dégoutait plus qu’autre chose. Mais il fallait avouer que Yamiyo est très attirant. La jeune fille ne savait pas du tout ce qu’il lui prenait à ce moment précis où Yamiyo la regardait dans les yeux. On aurait put appeler sa une « pulsion ». Mais elle eut une idée, pourquoi pas le séduire pour qu’il la lâche tranquille. Bref, à peine à 2 centimètre du visage, elle l’embrassa. Oui, étrange pas vrai. Mais elle le relâcha bien vite quand elle sentit la longueur proéminente de ses canines. La peur se voyait maintenant dans les yeux de Madysson et bientôt, elle ne put plus bouger. Ses mains ; inutilisables et pleines de sang, ses fines jambes ; bloquées par celle de son interlocuteur. Il ne lui restait plus que sa tête pour agir, mais elle ne l’utilisa que pour écouter les dernières paroles de Yamiyo et pour y répondre en lui chuchotant en retours :

« J’aime pas ta façon de jouer, alors pour l’amusement, faudra revoir ta technique ! »

La princesse, prise au piège par le méchant prince, essayait tant bien que mal de se sortir de se pétrin et elle en venait même à regretter que son ours soit redevenu un simple jouer. Lui qui aurait peut être put l’aider à s’échapper des griffes du jeune nippon. Mais Mady’ avait fait un geste mal placé et elle resta bloqué, claquant le derrière de sa tête sur le sol et, en fermant les yeux, elle essayait de ne pas s’occuper de l’horrible douleur de ses cotes qui avait refait surface. La situation était horrible et la jeune fille n’allait plus tenir très longtemps. Mais le seul truc positif dans tout ça c’est que le parfum de Madysson faisait tourner la tête de Yamiyo qui avait l’air de ne plus savoir ce qu’il faisait.

Elle l'embrassa, oui. Mais la jeune femme détacha bien vite ses lèvres des siennes. Avait-elle eu mal ? Avait-elle été surprise ? Peu importait. Bien que ce baiser l'ait pris de court un instant, car ne s'y attendant absolument pas, un léger rire jaune s'échappa de sa bouche. Sa technique de jeu n'était peut-être pas des plus fabuleuses, certes, mais celle que la jeune fille avait pour tenter de se dépétrer de la situation dangereuse dans laquelle elle était était vraiment étrange. Yamiyo se fichait pas mal de qui avait bien pu la jeter dans cette espèce de cachot, avec lui, mais en tout cas, il le remerciait. Il lui avait servi son repas sur un plateau.
En effet, l'odeur du sang qui emmanait des poignets de Madysson le rendait dingue, presque fou à lier. Ses instincts étaient devenus quasi animals. Posant ses lèvres sur l'épaule de l'humaine, il l'effleura, descendant ainsi tout son bras, jusqu'à son poignet meurtri qu'il n'hésita pas à lécher. Combien de temps s'était-il retenu de faire une telle chose ? Trop longtemps. Pourquoi était-ce si bon ? Si envoûtant ?

Yamiyo redressa la tête pour une nouvelle fois encrer son regard à la couleur si inhabituelle dans le sien, savourant la moindre goutte de sang qui tachait ses lèvres. Que d'ivresse.
La jeune fille avait mal. Il pouvait le ressentir. Cette douleur. Il s'en délectait.
Ce cou si délicat, si fin, immaculé. Il serait donc le premier à y toucher. Le premier à s'y abreuver. Quel honneur. Cette peau douce l'appelait. Il désirait l'inciser lentement, laisser couler le sang en mince filet, l'admirer pour ensuite y goûter comme il l'avait fait à son poignet.
Il ne pouvait tenir encore quelques secondes de plus. Ses crocs s'approchèrent dangereusement du cou de Madysson, jusqu'à le frôler, le caresser, alors que le bout de sa langue en faisait de même. Ses deux canines meurtrières cessèrent de se déplacer sur sa peau, pour s'y enfonçer doucement, le laissant s'imprégner ainsi de chaque instant, de chaque perle du liquide délicieux, de chaque inspiration et expiration de la jeune femme. Quelle proie ... facile. Quelle proie aimable. Les paupières du nippon se refermèrent, alors que chaque gorgée qu'il avalait avidement semblait retentir dans la pièce. Il pouvait se souvenir de ce bruit à la fois atroce et agréable. Il ne l'avait vraiment entendu qu'une seule fois. A présent qu'il se trouvait à la place de son frère, il n'arrivait plus à l'entendre réellement. Il ne faisait que le deviner.
Depuis combien de temps était-il en train de boire au cou de Madysson ? Peut-être quelques secondes. Peut-être une éternité. L'emprise de ses mains sur les poignets de cette dernière se relâcha, ses ongles cessèrent de les lacérer, le poids qu'exerçait son corps sur le sien sembla s'envoler. Ses crocs se détachèrent petit à petit d'elle, jusqu'à disparaitrent complètement. Le sang coulait de sa bouche le long de son menton, de son propre cou, celui-ci avait même réussi à tacher ses joues. Il était à bout de souffle. Il décala ses mains, les posant de part et d'autres du visage de sa victime, alors que ses yeux reprenaient leur couleur initiale. La respiration haletante, il ne fit plus rien, ne dit plus rien. Il la regardait, horrifié. Il s'était juré de ne pas finir comme lui. Il se l'était juré deux fois plus lors de sa dernière ration de sang humain, quelques mois auparavant. Il s'était menti à lui-même. Que devait-il faire à présent ? Que pouvait-il faire ? Il ne savait pas. A présent qu'il revenait peu à peu à lui, que le brouillard de son esprit se dissipait, qu'il reprenait les commandes, il paniquait. De plus, il semblait être le premier vampire auquel cette fille avait affaire. Ou du moins la première personne du château qu'elle découvrit vampire. Il ne pouvait même plus bougé, il avait l'impression d'être paralysé, par la peur et le remord. Il continuait de fixer Madysson le bas du visage couvert de sang, tentant de reprendre une respiration régulière. S'il ne s'était pas maîtrisé cette nuit-là, probablement ne se maîtriserait-il plus du tout.

Madysson possédait une respiration double de celle de d’habitude. Son sang, contrairement à ceux que certains peuvent penser, n’était pas froid. Non, car qui aurait un sang froid dans cette situation ?! En tout cas, la jeune « princesse » bouillonnait de l’intérieur, elle bouillonnait de peur et de dégout, surtout quand il lécha son sang chaud qui coulait de son poignet. Mady’ fit une grimace et sortit un petit bruit de sa petite bouche.

« Heuurk ! C’est dégoutant, j’ai de la bave partout ! »

Avec un peu de chance, la salive de Yamiyo sur le poignet de Madysson aurait pu se libéré au moins d’une main en essayant de la glisser, mais toutes tentatives lui fit davantage couler son sang. Plus elle tirait et plus les ongles de son maître lui rentrait dans la peau. Quel gâchis, deux pauvres petites mains en sang. Mais le plus atroce restait à venir, quand il s’approcha se son cou et qu’il lui caressa avec ses canines. Un frisson la parcourut et des larmes commençaient à refaire leurs apparitions. Madysson avait très peur, car si il arrivait à la mordre, elle savait une cascade coulerait de son coup. Elle est atteinte d’une maladie qui, malgré une petite égratignure, lui fait perdre beaucoup de sang. Dommage pour elle et heureusement pour notre vampire. Les larmes coulaient toujours à flot et la jeune fille était comme pétrifier elle aussi, de peur. Donc elle resta là, comme si elle acceptait son sort. L’accepte-t-elle ?! Evidement que non, et quand il fut près à la mordre et à commencer son repas du soir, ou plutôt de la nuit, Madysson essaya de pousser sa tête de l’autre coté, mais cela ne servit à rien. Juste à permettre à Yamiyo de s’y prendre à deux fois. Il l’atteignit enfin, et Mady’ sentait les dents du cannibale s’enfoncer peu à peu dans son cou, qu’elle horrible sensation ! La demoiselle en détresse voulait hurler de douleur et appeler à l’aide, mais rien ne sortit de sa bouche. Elle fut comme muette. L’un se régalait et l’autre pleurait des larmes de crocodiles. Une fois terminé, l’étreinte du maitre sur sa « princesse » se desserra, il changea de visage et d’attitude tout en regardant Madysson dans ses yeux mouillés. Elle tremblait, cela se sentait et lui, il tremblait aussi mais pas pour les mêmes raisons.

« Et maintenant ?! »

Toute recroqueviller sur elle-même avec Yamiyo au dessus d’elle qui la fixait. Qu’allait-il faire après avoir dévoré son petit cou qui sentait la fraise. Ce cou perdait toujours beaucoup de sang et au fur et à mesure, la jeune fille perdait de plus en plus ses forces. Jusqu’à ce qu’elle ferme les yeux et que sa tête, allant sur le coté ne bougeait plus. Elle avait besoin d’aide !

Et maintenant ? Il ne savait pas. Il se contentait de la regarder, pétrifié. Que pouvait-il faire ? Se relever et s'en aller ? La laisser seule dans le noir ? Lui demander pardon ? Lui demander de le frapper ? Il avait perdu tous ses moyens. Comme avant. Lorsqu'il était avec Tsukiyo. A l'époque, Yamiyo était un garçon timide et réservé. Il ne parlait guère aux autres, sauf à son jumeau, qui lui le protégeait toujours. Il se cachait derrière lui. Il se souvint du jour où une baguarre avait éclatée, deux contre cinq autres garçons du même âge, pas plus de treize ans. Tsuki lui avait alors ordonné de partir et de ne pas s'en mêler, ce qu'il avait fait. Lorsque son frère était rentré à la maison, celui-ci était couvert de bleus, d'égratinures. L'un de ses yeux était entouré d'une tache plus ou moins mauve, et l'un de ses genoux saignait abondamment. Il avait alors regretté de lui avoir obéi comme un bon petit chien. Il avait regretté de s'être enfui comme un lâche et de laisser celui qu'il aimait le plus au monde seul. Mais il n'était plus comme ça à présent. Yamiyo avait appris à se débrouiller, à s'en tirer de lui-même. Il n'avait plus besoin de bouclier protecteur.
Pourquoi tout ce sang ? Pourquoi coulait-il ainsi ? Yamiyo toucha de ses doigts la plaie au cou de la jeune fille. Etait-ce normal qu'elle perde autant de sang ? Il n'avait pourtant pas essayé de la tuer. Quoi que. Avait-il vraiment essayé ? Il ne savait plus, après tout, il n'avait pas été lui-même.

- Oi ... OI !! Reste avec moi ! Tu m'entends !!

Pourquoi est-ce qu'elle ne bougeait plus ? Pourquoi est-ce qu'elle ne répondait plus ? Yamiyo lui tapota doucement la joue, pour ensuite appuyer sa main sur son cou, tentant d'arrêter la sang. Il l'avait vraiment tué alors ? Non. C'était impossible. Inimaginable. Il devait faire quelque chose. Elle respirait encore.

- Princesse ? Me lâche pas, okay ? J'vais t'aider ... J'vais te sortir d'ici. Je vais ...

C'était à cause de lui. Cette demoiselle inconsciente était dans une position critique par sa faute. Il devait y remédier absolument. Il ne réparerait jamais son erreur, mais il pouvait au moins tenter de l'aider.

- Réfléchis, réfléchis, réfléchis !!

Qu'aurait fait Tsukiyo à sa place ? Oui, c'était ça. Qu'aurait fait son frère ? Tout en restant au-dessus d'elle, il hésita. Ne pas boire de son sang encore un peu, ça ne ferait qu'empirer. Tout en maintenant sa main sur son cou, il prit la manche de l'autre bras en bouche, tirant pour en arracher le bout afin d'obtenir un morceau de tissu assez long. Il s'empressa de la passer autour du cou de Madysson, le fermant avec un noeud qu'il ne serra pas trop fort, pour ne pas l'étrangler, mais assez pour pouvoir enlever sa main un instant. Il se leva enfin, pris le corps inerte de la jeune femme dans ses bras, ouvrit la grille de la pièce avec une facilité que seuls les vampires connaissaient, puisqu'elle était la leur, et sortit à grands pas, tenant tout contre lui Madysson.

>> Suite Dortoir des Vampires

» _Darkness&Moonlight - Suite [PV : Yami']